Sur les traces de ceux qui nous ont précédés à Mouzillon
Le cadastre de Mouzillon : une clé pour comprendre la population
Le cadastre de 1811 est une belle oeuvre qui mérite d'être consulté pour sa beauté, pour sa précision et pour toutes les informations que chacun peut y découvrir.
La représentation du cadastre de 1811 est éloquente : elle permet de comprendre les liens sociaux qui sont inscrits dans les parcelles de terre et de vigne.
Deux phénomènes ont contribué au morcellement des parcelles de vigne, de terre et de prairie : d'une part la majorité des mariages réunissent des conjoints issus de la paroisse, l'endogamie est forte. De plus, il y a peu d'exode, chaque unité familiale vit d'abord du travail effectué sur ses propriétés; d'autre part le partage en parts égales entre les descendants conduit à une division des parcelles.
Le Grand Plessix
La vision du cadastre du Grand Plessix donne une image des parcelles dont la surface est de plusieurs hectares chacune. Le Grand Plessix est un village qui a longtemps appartenu à un noble ou à un riche propriétaire qui le donnait en métayage ou en fermage aux exploitants. La propriété n'est pas divisée. Le même phénomène peut être observé au Pin, à l'Augerie, à la Haie Pallet, à la Coudrière, à Lozangère...
(image prise sur le site des archives du conseil Général de Loire Atlantique)
En revanche, les parcelles ont été partagées de génération en génération... à la Recivivière et à Beaurepère et la division est à son comble en 1811. le même phénomène se trouve aussi dans les villages de la Morandère et de la Barillière.
La Barillière
(image prise sur le site des archives du conseil Général de Loire Atlantique)
La Recivière et Beaurepère
(image prise sur le site des archives du conseil Général de Loire Atlantique)
La Morandiere
La même structure de morcellement des parcelles peut être observée dans le secteur de la Morandière.
origine du morcellement
Pour obtenir le morcellement dont témoigne le cadastre de 1811 dans des secteurs comme la Morandière, la Barillière, la Recivière, la Greuzardière il faut plusieurs siècles de partage. Une étude comparative entre les surfaces de ces petites parcelles et les surfaces des champs dont la propriété n'a pas été partagée donnerait une approche du nombre de partages qui ont été effectués; l'estimation du nombre d'enfants bénéficiant d'un partage de leurs parents constituerait un autre paramètre permettant d'évaluer le nombre de générations qu'il a fallu pour atteindre un tel morcellement.
Cette ancienneté attesterait de la stabilité de cette population depuis l'époque gallo-romaine ? depuis l'époque des Wisigoths ? depuis l'empire de Charlemagne ou depuis la mise en place des Capétiens ? Et par comparaison, n'est-ce pas à ces époques que se sont mis en place les grands domaines ?
Dans le même temps, c'est une homogénéisation de la population en un agrégat de petits propriétaires qui va dominer les exploitations, les liens familiaux et la mentalité sociale et politique du XVIIème, du XVIIIème, du XIX et du XXème siècle. Aucune famille noble, aucune famille de grands bourgeois ne va faire souche à Mouzillon, dans ce contexte où un seul groupe social existe, lié par les liens du sang et du cadastre. Les familles nobles de la Barilliière, de la Morandière, de la Rouaudière vont quitter Mouzillon. Ce territoire n'est pas pour eux.
Peut-être faut-il chercher dans cette homogénéisation le fait qu'il n'y ait pas d'intellectuel, pas de spéculatif, dans ce milieu pragmatique qui n'est pas familier à mettre en œuvre l'altérité, qu'il s'agisse de l'altérité de la pensée ou de l'altérité dans les relations avec une population différente.
Le clos des grandes freiches.
L'expression "grandes freiches" est probablement une appellation indiquant qu'il s'agissait de grandes friches, de terres peu cultivées.
Une tradition orale des années 1950 affirmait que tous les viticulteurs qui exploitaient une parcelle de vigne dans le clos des Grandes Freiches, entre le Grand-Plessix et l'Augerie avaient tous un lien de parenté.
Les premières recherches sont concluantes.
Ces recherches montrent que ce clos a été planté en vigne entre 1723 et 1750 vraissemblablement sous la responsabilité du couple GUERIN-PINEAU qui exploitait la métairie du Grand-Plessix. L'accord de planter ces vignes à complant avait été passé avec le propriétaire qui devait être BASCHER, celui qui avait acheté plusieurs métairies (La Grand-Plessix, le Pin, la Bottinière) à la famille BARRIN de la Galissonnière.
La période 1725-1750 a donc été une période de plantation de vigne importante.